Le Modèle Nu
Dessin, exécuté au fusain et à la craie blanche sur papier bleu, représentant une femme dénudée debout, vue de trois quarts dos. Une étoffe sur son bras gauche semble indiquer que notre modèle vient, soit de se dévêtir, ou au contraire qu’elle est en train de se rhabiller.
Cette œuvre témoigne de la grande maîtrise technique de l’artiste qui joue très habilement avec le clair-obscur. Le modelé du corps, rendu grâce à l’association classique du fusain et des rehauts de craie blanche, est encore renforcé par le bleu foncé du papier. Cette technique graphique, qui enveloppe les corps d’une lumière lunaire, n’est pas sans rappeler les dessins de Pierre-Paul Prud’hon. Le modèle quant à lui, aux formes rondes et pleines, évoque immédiatement le corps féminin rubénien. L’admiration que Louis Anquetin voue au maître flamand est ici très décelable.
La feuille est signée en bas à gauche.
Circa : 1895-1905
Dimensions :
Hauteur : 37 cm
Largeur : 44 cm
Profondeur : 44 cm
À vue : Hauteur : 61,5 cm Largeur : 46,5 cm
Encadré : Hauteur : 89,5 cm Largeur : 76 cm
Commentaire :
Louis Anquetin, peintre né à Etrépagny dans l’Eure le 26 janvier 1861, eut un début de carrière très prometteur et fut considéré par la critique avant-gardiste des années 1880-90 comme l’un des espoirs de l’art français moderne. Le rôle qu’il joua dans la naissance du cloisonnisme est crucial : avec Emile Bernard, son fidèle ami, ils mirent en effet au point un style pictural très novateur qui ouvrait une voie nouvelle, une alternative à l’impressionnisme, face au divisionnisme qu’ils considéraient comme une impasse. Cependant, dès 1893, convaincu que ses camarades et lui-même s’engageaient dans une voie sans issue qui allait les mener à la faillite de l’art, Louis Anquetin adopta un parti-pris radicalement opposé à ses premières recherches. Il décide de renouer avec la tradition et les principes fondamentaux de l’art classique. Prônant le ‘Retour au métier’, il va se consacrer, dès lors, à l’étude des grands maîtres et vouer à l’art de Rubens une admiration sans bornes. L’artiste, considéra alors le dessin, comme l’essence de toute pratique artistique, le moyen d’expression pictural par excellence.